« Les gens ont des fusils et ils n’ont même pas les yeux ouverts. Un irlandais prenait de l’argent à la banque et a été pris pour un bandit. Il y a eu un malentendu, il a dit qu’il ne voulait pas donner son argent et il a été tué. Les gens l’ont regardé mourir par terre à force de coups de matraque. » nous lit le chanteur / bassiste de NOFX, le groupe de San Francisco.
Le premier cadavre de 1995 vient juste d’être trouvé à quelques batiments du quartier général de Fat Wreck Chords, le label de Fat Mike ne cessant de prendre de l’ampleur.
Fat Mike est en ce moment même obsédé par les rimes Cockney, l’argot anglais*. Il prend d’ailleurs des leçons des anglais Guns n’ wankers (les futurs Snuff). Il a même rajouté quelques rimes dans le dernier albums des Guns. « Dans le fond, il suffit d’habiter à Londres pour parler Cockney » dit Mike dans une allègre ignorance. « Oi ! » dit-il, en posant son doigt sur le mot écrit sur un vieux vynil posé à côté de lui. « Oil tankers - Oil ... wankers ! »** Il porte en ce moment même un vieux pantalon écossais serré, apparament inconscient du fait qu’ils ne sont plus à la mode depuis 15 ans.

*On remplace un mot par un autre mot qui rime.
**Il a fait un jeu de mot là.

Heureusement pour lui, on voit que Fat est en fait plus rusé qu’il n’en a l’air, comme nous le prouve Fat Wreck Chords. Fat Wreck Chords son label créé en 1992, avec les enregistrements de Lag Wagon et de NOFX. Les locaux de FWC viennent de passer de la chambre de Mike à un spacieux bureau près du pont d’Oakland. Mike emploie trois personnes dont sa famme. La politique de FWc est très simple : Mike prend les groupes qu’il aime. Il a offert 160 000 francs à Snuff pour qu’ils puissent reformer le groupe (les anciens Guns and Wankers) et il est un peu déçu au sujet des rumeurs qui les disent prêts à signer sur une major.

Mike : J’adore Snuff, vraiment, alors j’aurai donné tout l’argent que je pouvais juste pour m’occuper d’eux. Je ne sais même pas s’ils vont plaire à quelqu’un en dehors d’ici. J’aime les bonnes chansons. J’ai fait le premier album de Lag Wagon parce que j’aimais bien les chansons de cet album mais je ne ferai pas le deuxième tant que je ne l’aurai pas entendu ! Je veux entendre les chansons avant de les lancer.
PnD : Tu te comportes pas un peu comme le ferait une major en faisant ça ?
Mike : Heu, si ! (rire) Mais je pense qu’un groupe ne doit pas avoir un demi bon album. On a le groupe 88 Fingers Louie. Ils ont deux singles sur le label, mais je ne sortirai pas un album tant qu’ils n’auront pas écrit 20 bonnes chansons. Désolé, mais je ne veux pas sortir du caca !
PnD : Et si le groupe trouve que c’est la meilleure chose qu’ils n’aient jamais fait ?
Mike : Ils peuvent aller sur un autre label ! Par exemple, les majors vont vendre tout ce qu’ils peuvent vendre . S’ils n’aiment pas un groupe mais qu’ils savent que ça va se vendre, alors ils vont prendre. Moi, je fais pas ça. Je prend les groupes et les chansons que j’aime. Je ne suis pas là pour dire ce que les musiciens ont à faire. J’avais l’occasion de signer le groupe « 7 year birch ». Ils m’ont envoyé leur 7’’ et je leur dit : « Non, les gars, je ne veux pas de vous ! ». C’était terrible ! N’empêche que ça s’est vendu. Ils ont vendu 30 000 ou 40 000, c’est autant que mes groupes. Je veux avoir un label où les gens vont. « Tous leurs trucs sont biens. Je vais acheter parce que c’est sur ce label.

Et si le label marche bien, vous devriez voir le groupe de Fat ! Ils ont vendu 250 000 albums de Punk in Drublic (début 95). Il est certain qu’ils ont du recevoir pas mal de fric pour partir d’Epitaph !

« Plein de fric », affirme Mike.
Mike : On nous a offert 8 millions de francs mais on ne les a pas pris. Nous avons failli accepter. Quand quelqu’un t’offres tant d’argent, ca laisse à réfléchir.
PnD : Ca peut aussi être un mauvais tournant. Bad Religion a perdu beaucoup de ses fans en allant sur une major.
Mike : Bah... Ils vendent plus de trucs! Mais pas à leurs fans. Juste à des gens qui les ont entendu à la radio et qui ne vont pas vraiment les suivre. On joue pour nos fans and on fait de l’argent propre. On a rien besoin d’autre.

Fat Mike s’est quand même pas mal enrichi du succès de NOFX mais il reste clair pour ce qui est de l’honnêteté dans le punk rock. Bad Religion n’ont pas qu’étés sur une major, ils ont aussi menti à leurs fans. Ca fait mal. Et c’est la même chose pour leurs collègues Rancid, qui avait récemment pris une mauvaise route.
« Ils voulaient devenir des stars ! » dit Mike avec un petit sourire narquois. « On peut le dire. Ils ont dinné avec Madonna ! Mais ensuite, ils ont reçus tous ces lettres qui leur ont dit combien ils avaient été stupide. »
« Ils étaient proches comme ça l’un de l’autre »* indica Mike en mettant les mains l’une à côté de l’autre avec un tout petit passage entre les deux. « Mais ils sont repartis dans le bon chemin car j’ai eu une discussion avec eux, et aussi avec Dexter d’Offspring. (* il parle ici de Tim Armstrong. Celui-ci a même des photos de Madonna toute nue, quel fripon)
« Rancid ne vendent pas autant que nous ou qu’Offspring. Ils n’ont pas autant d’argent et c’est des vieux parasites. Je leur ai dit ‘Regardez, à votre prochain enregistrement, vous allez vendre des tonnes et vous faire des tas de fric. Plus rien ne sera jamais comme avant !’ »

Offspring, comme Mike le remarque, sont tous millionnaires, maintenant, grâce à un tube et quelques compétences de scène.

Mike : Ils sont nuls et ils sont pas bons sur scène.
PnD : Et si vous devenez comme eux
Mike : Je ne pense pas que ca arrivera. Je ne pense pas que ma voix soit commerciale du tout. Elle est beaucoup trop plaintive. Et nous n’avons pas envoyé nos vidéos à MTV. Ils nous voulaient mais on a vu leur sale émission ‘The punk edition’. Ah ! C’était nul ! Nous sommes bien où nous sommes et si nous avons un hit, on ne jouera pas à des endroits plus grands que maintenant. C’est dur de dire ce que nous allons devenir dans le futur. On essaye juste de ne pas devenir énormes.
PnD : Nirvana disaient qu’ils n’avaient jamais voulu devenir si connus.
Mike : Et je pense qu’ils savaient exactement ce qu’ils faisaient. J’ai entendu Kurt dire qu’ils n’en pouvait plus car il ne pouvait plus jouer dans de petites salles. Balivernes ! (selon moi la meilleure traduction de Bullshit !) Tu peux jouer où tu en as envie !

« Nirvana n’étaient pas des punks au départ. C’était des hippies. C’est ensuite qu’il en sont venus au punk. »

« Tu peux te faire tes propres règles si tu le veux vraiment !